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Association France Ethiopie Midi-Py.
19 novembre 2010

Langues et peuples d'Ethiopie

Les langues d'Éthiopie ...

L'Éthiopie possède six langues principales : amharique (32,75%), oromo (31,6%), tigrinya (6,1%), somali (6,0%), guaragigna (3,5%) et sidama (3,5%, mais aussi de nombreuses autres.

En raison de l'« impressionnante » concentration de langues très diverses, l'Éthiopie est considérée comme un « paradis pour linguistes ». Les langues du pays peuvent être rattachées à quatre branches principales :

    * la branche sémitique
    * la branche couchitique
    * la branche omotique
    * la branche nilotique

Les trois premières branches appartiennent à la famille des langues afro-asiatiques tandis que la quatrième appartient à celle des langues nilo-sahariennes. Quelques langues restent encore non classifiées. On dénombre au total environ 80 langues sur l'ensemble du territoire dont certains ont moins de 10 000 membres. Toutes les langues d'Éthiopie jouissent du même statut depuis l'entrée en vigueur de la constitution de 1994, son article 5 garantit « égale reconnaissance de l'État ». Le texte constitutionnel garantit à tous les peuples le droit de développer leur langue et de l'établir comme langue maternelle à l'école primaire.

langues_ethiopie

Les langues sémitiques sont principalement parlées dans les régions des hauts plateaux, dans le centre et le Nord du pays. Elles dérivent du ge'ez, langue du royaume d'Aksoum d'importance nationale jusqu'à l'émergence de l'amharique au XIIIe siècle. Parlée de nos jours par une minorité de la population, elle constitue la langue liturgique de l'Église éthiopienne orthodoxe. Les deux principales langues sémitiques d'Éthiopie sont l'amharique et le tigrinya. La première est la plus pratiquée du pays par environ 32,7 % de la population, principalement dans le Nord central éthiopien. Langue nationale depuis le règne de Téwodros II (1855 - 1868), elle perd son statut officiel en 1995, avec l'adoption de la nouvelle Constitution. La deuxième principale langue sémitique est le tigrinya, parlée par 6,1 % de la population, essentiellement dans le Tigré. Parmi les autres langues sémitiques, on peut citer le hareri, l'argobba ou le gouragué, parlée par 4,3% de la population.

Les langues sémitiques d'Éthiopie ont la particularité d'utiliser le système d'écriture ge'ez, un alphasyllabaire dit « éthiopique » et localement appelé fidel (ፊደል). L'Éthiopie est, avec l'Érythrée, l'unique pays au monde utilisant ce système d'écriture. Il comprend 182 caractères basiques auxquels il faut ajouter les caractères spéciaux, totalisant plus de 200 signes.

Les langues couchitiques sont essentiellement parlées dans une partie du sud-ouest et du centre ainsi que dans l'est du pays, dans la vallée de l'Awash et le triangle Afar. La plus importante est l'afaan oromoo, deuxième langue du pays, parlée par 31,6 % de la population, très majoritairement les peuples oromos. Le somali, quatrième langue du pays, est pratiquée par 6 % de la population, principalement les Somalis de l'Ogaden, dans l'est éthiopien. L'afar est quant à lui parlé dans le Nord-Est, une région où est également pratiquée le saho. Enfin, parmi les principales langues couchitiques d'Éthiopie, il convient de citer le sidama, pratiquée par 3,5% de la population et regroupée au sein du groupe oriental des hautes terres avec le burji.

Les langues omotiques sont propres à l'Éthiopie où elles sont parlées par les populations vivant dans le bassin de l'Omo, dans le sud-ouest du pays. Bien que leur nombre précis soit difficilement évaluable, on estime à plus de 40 les langues de cette branche. Si très peu de personnes parlent une langue omotique, leur faible diffusion géographique n'empêche pas une grande hétérogénéité. Parmi cette branche, on peut citer le gamo, le yemsa ou le gimira.

La branche nilotique constitue la branche des langues éthiopiennes les moins parlées. Elles sont pratiquées par des populations du sud-ouest, à la frontière avec le Soudan. Le faible nombre de locuteurs et leur éloignement géographique en font un groupe linguistique relativement peu connu et étudié d'Éthiopie. L'ensemble des langues nilotiques en Éthiopie comprend : le nuer-dinka et l'anyua.


Peuples d'Éthiopie

Les peuples d'Éthiopie peuvent être divisé en divers grands ensembles avec comme élément caractéristique essentiel, la langue. Le premier grand groupe est constitué des peuples habesha parlant essentiellement des langues sémitiques. Le peuple amhara est le plus important démographiquement et le deuxième au niveau national après les Oromos. Ils habitent les hauts plateaux et sont des agriculteurs. À partir de la moitié du XIXe siècle et notamment sous le règne de Menelik II, ils jouent un rôle important dans la construction de l'État moderne éthiopien. Ils parlent l'amharique, aujourd'hui langue de travail du gouvernement fédéral et sont des chrétiens orthodoxes. Les Tigrés constituent démographiquement le deuxième peuple du groupe habesha. Leur langue est le tigrinya et ils sont également des chrétiens orthodoxes. Ils sont installés dans le nord de l'Éthiopie et se sentent par conséquent fortement liés à l'héritage aksoumite ainsi qu'à l'identité nationale éthiopienne. Les autres populations habesha sont les Agew et les Béte Esraél.

Une deuxième entité est constituée par les Oromos, premier peuple du pays devant les Amharas. Auparavant, ils ont été désignés par le terme de « Gallas », un mot ayant aujourd'hui une connotation péjorative. L'« identité élastique » s'explique par l'étendue de la zone de peuplement allant de la frontière avec le Soudan à l'ouest, à l'Ogaden, à l'est et à la frontière avec le Kenya, au sud. Leurs activités varient selon les régions mais l'élevage bovin est partagée par les divers groupes oromos. En effet, ils détiennent une partie importante du cheptel national. Contrairement aux Amharas et aux Tigrés, les Oromos n'ont pas d'unité religieuse, une partie pratique le christianisme orthodoxe éthiopien, une autre fraction est musulmane tandis qu'une portion est protestante. En revanche, la langue oromo constitue un ciment unificateur ; les divers dialectes oromos sont intercompréhensibles. L'intégration politique des Oromos dans la société et l'État éthiopiens s'est effectuée du XVIe au XVIIIe, après l'invasion de Gragne et à la suite des mouvements d'immigration. Plusieurs groupes de populations constituent l'ensemble oromo tels que les Borenas, les Arsi et les Gujis, etc.

Dans l'Est éthiopien, vivent deux peuples de pasteurs : les Afars et les Somalis. Majoritairement musulmans, ils parlent respectivement l'afar et le somali. Près de 1 à 1 5 million d'Afars vivent dans le Nord-Est de l'Éthiopie, tandis que les 4 millions de Somalis sont installés dans la région de l'Ogaden. Les deux peuples sont nomades et organisés en clans bien qu'historiquement, ils ont pu constituer des États stables.

Enfin, tout un ensemble de peuples vit dans le Sud-Ouest, et dans les périphéries Ouest et Sud de l'État éthiopien. Gérard Prunier dégage deux groupes. Tout d'abord, la « première périphérie sud-ouest », proche du centre, dans laquelle vivent entre autres les Gurages, les Kaffas, les Sidamas, les Welaytas, etc. Le deuxième groupe est celui des « grandes périphéries ». Ces populations vivent, dans le sud et aux frontières avec le Soudan et le Kenya, d'après les termes de Prunier une relative « indifférence » du pouvoir central. Chaque peuple est démographiquement peu important mais ce vaste ensemble regroupe des cultures véritablement homogènes, des langues différentes et des organisations sociétales diverses.

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