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Association France Ethiopie Midi-Py.
6 mars 2010

Dallol (Autre nom : Dalol) ...

Dallol est un site unique au monde, situé en territoire afar, dans le désert du Danakil, à une quinzaine de kilomètres de la frontière avec l’Erythrée. En langue afar, Dallol signifie “désintégré” ou “décomposé”.

Le site est constitué d’un ensemble de cratères d’explosions nés au milieu d’une plaine de sel. Ces évents sub-aériens sont les plus bas sur Terre (-136,8 mètres au-dessous du niveau de la mer). La chaleur y atteint régulièrement les 45°C à l’ombre.

C’est une des plus extraordinaires zone géothermale au monde de part ses couleurs et son environnement désolé. Elle est connue pour ses curieuses formations géologiques : sources chaudes acides, montagnes de soufre, colonnes de sel, petits geysers gazeux, vasques d’acides isolées par des corniches de sel et concrétions d’évaporites, de soufre, de chlorure de magnésium, de saumure et de soude solidifiée. Le tout sur un fond blanc, jaune, vert et rouge ocre, due à la forte présence de soufre, d’oxyde de fer, de sel et d’autres minéraux. Les températures maximales des eaux ont été mesurées à 70 °C. Le pH très proche de 0 témoigne d’une très forte acidité. Celle-ci résulte de l’interaction entre l’eau et des gaz magmatiques.

 

HISTOIRE 

La découverte du site par les premiers colons européens date certainement des premières colonisations et expéditions dans la région, au 17ème ou 18ème siècle. Mais l’hostilité de la dépression, la chaleur insupportable qui y règne et le danger du site (vasques acides, émanations toxiques…), n’ont pas dû favoriser les expéditions dans les zones proches du cratère.

Du fait de son isolement au cœur d’une zone géopolitiquement très instable, le volcan a été pendant longtemps méconnu du public et le site connu de rares volcanologues. Ce n’est qu’en 2001 que la zone fut officiellement accessible à tous, et en 2005 que l’on fit prendre connaissance de ce volcan au grand public, grâce notamment au documentaire “Le pays des origines” de la série Ushuaïa Nature. Le volcan ne figure pas dans la plupart des livres de volcanologie ou de géologie, même récents.

 

Malheureusement, le site de Dallol n’est pas encore classé parc national, seul son isolement le protège des visiteurs. Le site demeure peu visité à cause des tensions persistantes entre l’Ethiopie et l’Erythrée, même si le tourisme d’aventure se développe actuellement dans la région (plusieurs centaines de touristes chaque année). Ces dix dernières années ont d’ailleurs été marquées par plusieurs prises d’otages de touristes occidentaux dans les environs d’Ahmed Ela, le village le plus proche de Dallol.

 

ACTIVITÉ HUMAINE

Il existe, dans le cratère de Dallol, une ville fantôme, ancienne usine d’extraction de potassium utilisée par les Italiens pendant l’invasion du pays par Mussolini, puis abandonné aux alentours de 1930. Réutilisé plus tard par les Américains comme village, le site finit par être finalement abandonné dans les années 60, les conditions géographiques n’étant pas propices à l’expansion du village. Aujourd’hui, les décombres de l’ancienne usine sont encore visibles : ils s’amoncellent en tas de métaux rouillés par l’humidité acide du volcan, progressivement recouverts avec le temps par les sources chaudes et les concrétions.

 

Jusqu’en 2009, il n’existait aucune activité humaine dans le site. Seuls les Afars habitaient autour du cratère, d’où ils extrayaient le sel des plaines salines et l’emportaient à dos de dromadaire pour le vendre sur les marchés de la région. Mais, en mai 2009, le gouvernement éthiopien a accordé des droits d’exploitation de potasse à des compagnies britanniques, entraînant la colère des Afars. En réaction, ils ont miné la région s’étendant entre le Dallol et le volcan Erta Alé, entraînant la mort d’une quinzaine de personnes au cours du seul mois de mai 2009 (essentiellement des ouvriers chinois qui construisaient des routes dans la région). Les voyages dans cette région sont donc à nouveau déconseillés.

GÉOLOGIE

Le volcan, vaste zone saline dont les bords sont hérissés de centaines de cheminées de fées, abrite d’innombrables sources chaudes soufrées, geysers, fumerolles, dépôts de sel et de soufre, concrétions, terrasses et coulées. Le sel de la dépression se mélange aux minéraux volcaniques, comme le soufre, pour créer des terrasses et des concrétions uniques.

Parfois, des gaz toxiques émanent des fumerolles et des geysers. Il n’est pas rare de trouver des cadavres de petits animaux isolés dans le cratère. De plus, certains fonds instables dissimulent des vasques acides qui sont des redoutables pièges pour animaux et humains. Autre particularité, les petits geysers qui ne ressemblent à rien de connu. Ont peut apercevoir des jaillissements permanents de gaz à la surface de mares d’acides ou des geysers en forme d’éponge de cristaux salins d’où sortent des gouttelettes d’eau chaude avec un étrange gargouillis.

Des cheminées de fées de sel créent le relief du cratère, conférant au volcan un aspect étrange. Ces édifices géologiques ont été formés lorsque la mer Rouge a inondé à plusieurs reprises la dépression, il y a plusieurs milliers d’années. Le passage de la mer a construit des dépôts salins autour du volcan, et l’évaporation de l’eau combinée à l’absence de vents, a, avec le temps, formé ces colonnes de soude.

Les différentes concrétions du site

On peut observer dans le volcan des concrétions de soufre, de sel et d’autres minéraux qui affleurent dans les sources chaudes. L’origine de ces édifices minéraux est multiple. La forte acidité et la forte salinité autour du volcan font resurgir des concrétions dues à la forte présence de chlorure de magnésium, de soufre, de potasse et de saumure liquide et de bischofite fondue qui, cristallisés, créent les différentes concrétions du site. Des grands taux de saumure dispersés dans l’acide créent aussi des fleurs de sel cristallisées. Les conditions désertiques et isolées du Dallol encouragent la formation d’évaporites, responsables de l’apparition des concrétions de toute sortes. Des formations salines, ressemblant à des coquilles d’œufs, ornent certaines zones du cratère.

Concrétions salines

Lorsque des plans d’eau isolés connaissent un taux de salinité supérieur à la moyenne (mer Morte, lac Assal…) des concrétions de sel ont tendance à se former sur les berges de ces lacs, bâtissant souvent des formes évoquant des champignons ou des stalagmites, ainsi que des concrétions évaporitiques et des “corniches” de soude solidifiée. À Dallol, le même cas se produit, mais ces édifices salins, au lieu de se former dans des eaux alcalines, baignent dans l’acide. C’est pourquoi les concrétions adoptent des couleurs jaunes, vertes et orange, à cause du soufre qui s’y dépose.

Concrétions sulfureuses

Le soufre en grande concentration est aussi responsable de la création de concrétions cristallines, principalement autour de bouches fumerolliennes actives. Ainsi on observe près des solfatares des sortes de grandes “fourrures” de soufre jaune ou orange cristallisé qui peuvent dans certains cas mesurer près d’un mètre. Il y a aussi présence de fragiles concrétions en forme de “coquilles d’œufs” autour des anciens dépôts.

Autres concrétions et phénomènes salins et sulfureux

Certaines de ces concrétions rappellent en particulier les formations calcaires que l’on peut trouver dans les grottes et les gouffres. En effet, les strates, les cristallisations et autres formations géologiques sont formées de la même manière ; alors que les concrétions des grottes se forment par la calcite façonnée par l’acide des eaux souterraines au cours des centaines d’années, dans des zones isolées géologiquement, les concrétions de Dallol se forment par la soude et le soufre solidifié façonnés par l’acide sulfurique des sources chaudes. Les concrétions ne se dégradent pas, en l’absence de vents et d’activité biologique, et peuvent se former facilement suivant ces conditions géographiques remarquables. Mais il existe des différences en bien des points ; d’abord, les concrétions de Dallol se forment bien plus rapidement, l’acidité concentrée et l’eau chauffée accélérant l’érosion. Et de toute façon, les composés géologiques ne sont pas les mêmes. Alors que les strates et plateformes que l’on peut trouver dans des grottes sont faites de calcite et remplies de vasques d’eaux phréatiques, les terrasses de Dallol sont formées par le sel et le soufre et sont remplies d’acides purs. Les “coquilles d’œufs” peuvent aussi être trouvés dans les grottes et les gouffres, bien que formés à partir du calcaire et non du sel.

 

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